Accueil > Sur le web public local > Bretagne > Finistère > A Brest
Citoyenneté et nouvelles technologies
Articles
-
Droit de la création : bibliographie numérique partagée, un projet proposé par l’association des chats cosmiques
25 janvier, par a-brest — Projets 2020, Bretagne-creativeCette initiative fait partie des 40 projets soutenus par la Ville de Brest dans le cadre de l'Appel à Projets "Usages du numérique" 2020
Les chats cosmiques, “une association de noobs par des noobs pour des noobs”
Partant du constat qu'il n'est pas toujours facile d'aborder les enjeux numériques actuels en tant que néophyte et que l'absence de maîtrise de certains outils techniques novateurs peut être un handicap, l'association Les Chats Cosmiques a été créée en décembre 2013 afin de faciliter les échanges entre utilisateur.rice.s novices et expérimentés.
Axée sur la médiation culturelle, linguistique et transmédia, ses objectifs sont divers :- Découverte et promotion des cultures numériques
- Apprentissage collaboratif et vulgarisation d'outils techniques libres
- Démocratisation des philosophies libristes et de l'Open Source
- Coopération et partage des ressources et des connaissances.
Depuis sa création, les Chats cosmiques travaille à créer des passerelles autour de ces problématiques tout en s'initiant aux multiples enjeux que soulèvent la création et le numérique, en particulier dans des contextes collaboratifs et libristes. Au cours de ses nombreux projets, l'association a été amenée à collaborer avec des artistes, développeur.euse.s et créateur.rice.s toujours plus nombreux.euses. Certains litiges émanant de pratiques amateurs de part et d'autre ont suscité une envie d'approfondir le sujet du droit d'auteur avec les spécificités parfois très complexes que génèrent les contextes de l'association et ses missions hybrides.
Ce projet s'inscrit dans la lignée de précédents projets menés depuis 2013 dans le cadre de la Cosmicbox d'une part (médiathèque libriste nomade) et de la Subparty d'autre part (traductions de ressources militantes autour des questions hacktivistes et libristes), mais cette fois avec le soutien d'une entreprise privée pour financer l'intervention d'un traducteur professionnel.
A ses côtés, les adhérent.e.s de l'association ont d'ores et déjà entrepris de contribuer depuis le 1er trimestre 2020 à la traduction collaborative de Copy This Book, ouvrage anglophone imprimé et numérique en licence CC-BY-NC, dont l'auteur Eric Schrijver est une figure éminente des communautés libristes et open source belgo-néerlandaises, afin de faciliter sa publication et sa diffusion ultérieures auprès des publics francophones.Cet ouvrage est un guide pratique de la propriété intellectuelle et des licences non privatives à l'usage des artistes. Il contient de nombreuses études de cas contextualisées en droit étranger. Afin qu'il puisse servir à diffuser davantage les pratiques libristes et open source au sein des communautés de créateur.rice.s artistiques, l'association veut travailler non seulement à traduire les contenus de cet ouvrage mais aussi à transposer certaines de ses références artistiques et juridiques à des contextes de création et de droit français, afin de mieux tenir compte de leurs particularités. L'intention des Chats cosmiques est ici de publier à terme un site web contributif rendant accessibles ses recherches sur les particularités du libre face au droit d'auteur des professionnels artistiques. Ce site permettra de centraliser, diffuser et relayer une multitude de références en matière d'accès au droit, utiles tant pour l'information des citoyen.ne.s et usager.e.s de contenus culturels, que des artistes et créateurs de tous poils potentiellement désireux.euse.s. de partager leurs créations dans des contextes appropriés et maîtrisés.
Afin de permettre cette transposition, l'association Les Chats Cosmiques sollicite auprès de la ville de Brest un soutien financier pour confier à des prestataires professionnels le développement et le formatage d'une interface web contributive, en licence non privative, au courant de l'année 2021.
Les bénéficiaires peuvent être envisagés en deux groupes :
- les bénéficiaires contributeurs, souhaitant ajouter des références pour implémenter la plateforme,
- les bénéficiaires non contributeurs, c.à.d. des usager.e.s souhaitant simplement s'informer, amateur.e.s comme professionnel.le.s, confirmé.e.s ou débutant.e.s
Dans un premier temps, des bénéficiaires contributeurs seront appelés à oeuvrer à la mise en commun de références. Ce premier appel à contributions sera diffusé auprès d'un réseau déjà impliqué dans la diffusion de savoirs liés au fonctionnement de la propriété intellectuelle par contraste aux licences non privatives. Militants des cultures du libre, artistes s'intéressant au droit, juristes, associations partenaires seront contactés pour cette première phase. Les bénéficiaires non contributeurs seront impliqués dans la consultation des ressources relayés sur le site à partir de sa publication. Tout.e lecteur.rice pourra contribuer en s'inscrivant au groupe gestionnaire de la liste de références via le logiciel Zotero.
Nous espérons une dizaine d'usager.e.s individuell.e.s hebdomadaires sur le site au courant de la première année d'activité, soit environ 520 personnes par an, tout en souhaitant voir ce chiffre augmenter significativement dès la 2e année de mise en ligne.
OBJECTIFS : ENCOURAGER DES BONNES PRATIQUES ENTRE LIBRISTES ET AUTEURS
Se sentir concerné.e.s
Notre association compte des libristes, des artistes parmi ses adhérent.e.s et ses administrateur.trice.s. Certains d'entre eux sont des militant.e.s des cultures libristes, la plupart des créateur.rice.s soucieux.ses de s'informer de leurs droits d'une manière appliquée, au-delà de la théorie. Nous savons que nous serions les premiers à vouloir nous appuyer sur une telle ressource, inexistante jusqu'alors, pour nos propres usages. Nombreux.ses devraient être celleux qui la trouveront utile également. Notre expérience avec le public visé repose sur la rencontre de nombreuses personnes au cours des 6 dernières années dans le cadre de nos divers projets, en particulier la Cosmicbox et lors d'évènements culturels et numériques auxquels nous avons participé ou que nous avons initiés. Nous sommes aussi régulièrement en contact avec des étudiant.e.s, des artistes, des enseignant.e.s, des développeur.euse.s, des journalistes, des éditeur.trice.s, des juristes, des rédacteur.trice.s, des traducteur.trice.s… Tou.te.s sont concerné.e.s par, à défaut de s'intéresser à, la propriété intellectuelle, d'autant plus au vu des changements profonds que prévoit d'induire la réforme européenne sur le droit d'auteur à l'heure du numérique.Une approche axée sur les usages
Depuis la naissance de l'association, plusieurs expériences de collaboration avec des associations et artistes nous ont amené.e.s à nous documenter sur le droit en matière de création artistique et de production/diffusion d'oeuvres en licences non privatives. Pour s'informer, de nombreuses ressources francophones existent en ligne (sur le site du CNAP, de l'April, JurisPedia, CreativeCommons.fr, INPI, Copyleft Attitude, Adagp, La Quadrature du Net, S.I.Lex, etc) mais nous avons été confronté.e.s à un manque de références centralisant ces documents, qui restent très segmentés par domaines et le plus souvent peu axés sur des angles « pratiques » et « concrets », pour les créateur.trice.s comme pour les usager.e.s.
À travers nos expériences dans différents champs de la création, nous observons de plus chez nos interlocuteur.trice.s, qu'ils soient créateur.trice.s ou diffuseurs, une grande méconnaissance de leurs droits. Face au constat du manque d'un point d'indexation des documentations existantes, nous souhaitons combler cette lacune en publiant un site qui les rassemble, ce qui s'inscrit dans la continuité de notre projet de Cosmicbox, qui avait permis à l'association de se familiariser avec les problématiques du partage de contenus en licences non privatives entre 2013 et 2016.Transposer et vulgariser pour mieux initier
Cette initiative est consécutive à la lecture de l'ouvrage Copy This Book – An artist's guide to copyright, dirigé par Eric Schrijver. Véritable guide pratique et critique du droit d'auteur à l'usage des artistes, nous pensons que ce livre est un chaînon manquant dans l'accès au droit car il aborde les nombreuses législations expliquées par des cas juridiques concrets. Cette approche explicative, didactique mais loin d'être simpliste, favorise la compréhension en un seul volume de nombreuses subtilités appliquées à divers champs de la création.
Les Chats Cosmiques a reçu l'accord enthousiaste de son auteur pour traduire ce livre en français au printemps 2020. Cette action est accompagnée d'une recherche bibliographique pour transposer certains exemples dans le contexte culturel francophone. À cette occasion, nous actualiserons avec l'auteur ce qui a été écrit avant l'adoption de la Directive Européenne sur les droits d'auteurs en mars 2019 et actualiserons les informations du livre, très axées « métiers », en lien avec la transposition dans le droit français de cette directive et divers métiers sous-représentés.Il s'agit de combler un manque d'utilité publique, sociale et culturelle sur des modalités contributives. Le site s'adressera avant tout aux créateur.trice.s qui souhaitent s'informer sur le fonctionnement du droit d'auteur en France, un sujet ardu et sur lequel butent nombre de professionnel.le.s, qu'ielles soient jeunes ou expérimenté.e.s. Des lacunes en droit appliqué à l'art existent par ailleurs dans les formations au niveau de l'enseignement artistique secondaire et supérieur. Elles sont encore plus flagrantes lorsque la question de la professionnalisation intervient dans les parcours d'artistes, toutes générations confondues, et cela ne facilite pas l'assise de modèles économiques soutenables pour ces professionnel.le.s, souvent voué.e.s à la précarité. Cela est d'autant plus visible lorsqu'il s'agit de professionnel.le.s s'engageant sur la voie de l'entreprise indépendante, auto-produite et auto-diffusée. En parallèle, le manque de formation en la matière dans les établissements publics augmente le risque de litiges ou de manque de protection ; les syndicats professionnels assurent alors des missions de conseil et d'appui mais cela se fait au dépend de nombreux différends qui pourraient être évités en améliorant l'accès au droit.
Face à cela, les usager.e.s potentiel.le.s, non-expert.e.s et amateur.e.s, en particulier les médiateur.trice.s et associations, peinent à définir de manière précise les périmètres dans lesquels ielles peuvent être autorisé.e.s, ou non, à s'appuyer sur ou à s'approprier des oeuvres existantes ou en création. Leurs propres modèles économiques étant déjà souvent contraints en termes de ressources et budgets dédiés aux contenus culturels, créatifs ou artistiques, cela limite d'emblée leur accès à des créations de qualité. Il ressort dans les discours de ces écosystèmes qu'un fossé existe entre deux mondes que tout serait soi-disant voué à séparer : d'un côté, des cultures et des esthétiques libristes ou axées sur le partage, considérées comme « cheap » et « gratuite », par contraste avec une création de qualité, « propriétaire » et verrouillée par la protection du droits d'auteur et ses modèles de rémunération.
Nous sommes convaincu.e.s que de nouveaux modèles hybrides sont précisément en train d'émerger plus pleinement au sein des communautés de la création et nécessitent de faciliter le dialogue entre ces 2 mondes. C'est ce dialogue que nous souhaitions déjà encourager dans tous nos précédents projets, numériques, transmédia, DIY ou (ré)créatifs, et sur lequel l'ouvrage Copy This Book met des mots précis doublés d'arguments convaincants axés métiers.
OBJECTIFS & RESSOURCES DU PROJET
Impatients de contribuer à la diffusion du livre auprès d'un public qui l'attend, nous profitons de cette dynamique pour l'associer à la publication d'un site qui renverra aux textes sur lesquels s'appuie la localisation des exemples et ressources associés à l'ouvrage. Nous souhaitons mettre en place un outil d'indexation de références à la manière d'une grande bibliographie/sitographie solidaire permettant de faciliter l'accès à la documentation juridique pour les auteurs.
Un moteur de recherche interne au site permettra aux visiteurs de trouver le plus précisément possible les informations qu'ils cherchent. Le mode de contribution au site reposera sur un logiciel libre existant, Zotero, qui permet la réalisation et la collecte de documents individuellement et collectivement. Nous souhaitons nous appuyer sur cet outil pour développer le site autour des API Zotero Web v3 et libZotero, qui permettront de relayer les documents rassemblés par le groupe d'usagers contributeurs.
Un guide pas-à-pas permettra d'informer les visiteurs de la démarche pour devenir contributeurs.
Les besoins essentiels à la bonne conduite de notre projet sont identifiés comme étant :
- une utilisation appronfondie du logiciel Zotero ;
- la prise en main de l'API Zotero Web v3 et libZotero afin de l'utiliser dans des fichiers .php et .html ;
- la mobilisation de nos réseaux associatifs pour constituer la bibliographie/sitographie solidaire.
Nous disposons des méthodes et ressources liées à l'acquisition des savoirs nécessaires à la conduite de ce projet. L'auto-formation et le partage des connaissances en droit et en informatique entre les membres de notre association (et les partenaires du projet) permettront de progresser sur ces aspects.
Le développement de ce projet s'appuiera largement sur des ressources mobilisées en interne pour la conception, la coordination et la communication mais l'association Les Chats Cosmiques sollicite auprès de la ville de Brest un soutien financier car il nécessitera de faire appel à des interlocuteurs externes pour le conseil et la recherche, en particulier sur les aspects juridiques, ainsi que pour l'hébergement de la plateforme, son développement et sa maintenance, son animation et son design.
PARTENAIRES DU PROJET
Mathieu Roquet : Chef de projet et président des Chats Cosmiques - Usager quotidien de logiciels libres
Designer graphique et directeur artistique, mon travail s'inscrit dans un champ éditorial élargi : direction artistique et conception d'ouvrages imprimés, réalisation de dispositifs numériques, signalétiques et scénographiques. J'ai été chargé de l'artothèque de l'École Supérieure d'art et design Le Havre-Rouen de 2016 à 2018 et je dispense depuis 2019 des cours de "design graphique : fondamentaux" et "programmation informatique" au sein de la Licence Pro à l'Université Rennes 2.Eric Schrijver : concepteur d'interactions, artiste et auteur néerlandais qui vit et travaille à Bruxelles
Eric dirige un blog collectif intitulé I like tight pants and mathematics, qui vise à motiver les concepteurs et les artistes à s'impliquer davantage dans le monde de la programmation informatique. Ancien membre clé du collectif Open Source Publishing, il a enseigné la conception et la programmation informatique au sein du département de conception graphique de la KABK, à La Haye, et a également animé des ateliers dans des écoles du monde entier. Copy This Book est son premier ouvrage et aborde d'une manière critique les concepts et philosophies, motivations, qui sous-tendent le droit d'auteur et sa protection, notamment lorsque cela rentre en conflit avec l'intérêt du public.Alice Pennors : Analyste stratégique - soutien opérationnel bénévole acquis
Alice Pennors cultive la passion des cultures numériques et de l'innovation mais milite aussi en faveur des outils, contenus et philosophies libristes au travers des Chats Cosmiques, association dont elle est co-fondatrice. Au-delà de proposer des solutions de collecte et de cartographie de l'information, elle s'implique activement auprès des acteurs du développement économique, associatif et culturel local et régional au travers d'accompagnements axés sur la création, la diffusion et l'appropriation d'outils numériques collaboratifs variés et adaptés à toutes sortes de publics et de problématiques. Son intérêt pour les problématiques du droit face aux licences non privatives dans les métiers artistiques créatifs découle entre autres de son implication actuelle dans Atlantic Youth Creative Hubs, programme Interreg européen dédié à favoriser la professionnalisation de jeunes en insertion au travers de méthodes transversales et innovantes.
Mathieu Soula : développeur confirmé - soutien opérationnel acquis
Mathieu accompagne depuis sa création l'association les Chats Cosmiques et ses membres dans leurs initiations aux cultures numériques et tous les projets nécessitant de coder. Passionné de retro-gaming, il a longtemps été membre de la communauté française bénévole de traduction de jeu-video et s'initie désormais à la pratique du Creative coding, une forme de création artistique mêlant mathématiques et programmation.Nelson Luce : Rédacteur-traducteur - soutien opérationnel effectif
Passionné de jeux vidéo et de nouvelles technologies, Nelson a soutenu nombre de projets de traductions libristes des Chats cosmiques dans le cadre de la Subparty depuis 2016, tout d'abord en tant qu'étudiant du Master 2 de rédaction-traduction de l'UBO puis en tant que bénévole chargé de centraliser le travail des étudiant.e.s de ce même master par la suite.Autres soutiens envisagés
Lionel Maurel (conseil juridique), Vladimir Ritz (conseil juridique), Direction et enseignant.e.s de l'École Européenne Supérieure d'art de Bretagne (intervention pour sondage auprès des étudiant.e.s et rencontres ou débats), Direction et enseignant.e.s de l'École Supérieure d'Art et Design Le Havre Rouen (idem), Bachir Soussi-Chiadmi (membre de l'association Outils Libres Alternatis), Association nationale des écoles supérieures d'art et design publiques (sondage auprès des enseignant.e.s et diffusion du site), Comité Pluridisciplinaire des Artistes-Auteurs et des Artistes-Autrices (sondage auprès du comité et ses membres), Centre National des Arts Plastiques (diffusion du site), Association francophone des graphistes libres (sondage auprès des membres et diffusion du site) et d'autres artistes professionnel.le.s axé.e.s sur le partage et le libre/open source, au niveau local, régional, national ou international
Calendrier prévisionnel du projet
Date de démarrage (mois,année) 01/2021
Durée (en mois) 2
Étapes / actions :- Mise en place du groupe de travail de collecte sur Zotero
- Appel initial à contributions
- Collecte du contenu
Objectifs - Débuter le projet
- Fédérer un premier groupe de contributeurs
- Commencer les recherches
Date de démarrage (mois,année) 02/2021
Durée (en mois) 3
Étapes / actions :- Design de l'interface du site
- Questionner les contributeurs sur leurs attentes
- Développement
- Rédaction des contenus
- Installation - Débug
Objectifs
Concevoir et réaliser le site, lire et corriger
Date de démarrage (mois,année) 04/2021
Durée (en mois) 2
Étapes / actions :- Mise en ligne du site
- Diffusion auprès des réseaux partenaires en France et dans les régions francophones
Objectifs
Rendre public nos recherches et les diffuser
Organisme porteur du projet : association Les Chats Cosmiques
Coordonnées : hello@leschatscosmiques.net // 10, rue de Lyon – 29200, BrestResponsable du projet :
Mathieu Roquet, président
Contacts : hello@leschatscosmiques.net -
De belles histoires pour demain…, rendez-vous à l’agora des archipels le 25 janvier à 18h
25 janvier, par Michel Briand — Innovations sociales en Bretagne« Dans ce monde qui ne peut plus fonctionner comme avant, le pire peut arriver : les crises écologiques accélèrent la montée des inégalités les replis sur soi. Il nous faut relier transition écologique, transition sociale et transition démocratique pour inventer de nouvelles façons d'être et de vivre ensemble, pour imaginer des futurs désirables »
(Appel de Tournai août 2019).
un article repris d'un post diffusé par Didier Fradin sur les réseaux sociaux
La conclusion de cette rencontre Co-construire.bea validé l'adoption d' « un fonctionnement « en archipel » qui croise et relie sans nécessité d'un centre représentant et concentrant les luttes de pouvoirs, qui nous sorte par le haut des impasses de nos gouvernements actuels ». C'est dans cet esprit, pour que le pire ne soit pas une fatalité, que l'idée d'une Agora des archipels a émergé.
Aujourd'hui, de plus en plus de collectifs sont déjà dans une logique de coopération ouverte et un fonctionnement en intéropérabilité. Pour exemple Transiscope, très cité mais mal connu, dont le principe est tout à fait la base de l'esprit que nous cherchons à rendre commun. Démonstration ici : https://transiscope.org/carte-des-alternatives/#/carte/
Des espaces de convergences territoriaux, par thématiques se développent rapidement, comme les « Ripostes Créatives » [1] à l'initiative de Michel Briand et Laurent Marsault, qui font la preuve qu'à partir d'une base simple et solide, imaginer un « monde d'après » et le décrire n'est pas juste réservé à une élite experte, mais doit s'ouvrir à tous ceux qui, sur le terrain, participent à leur façon à sa création.
Dans une démarche parallèle, l'Archipel des Alizées, celui de la Symbiose, et d'autres encore, relient chercheurs, entrepreneurs, collectivités locales, autour des liens qui se créent dans l'action, sur le terrain, on y parle recherche-action, on y parle communication, médias, reliance.
Et on y aborde aussi la dimension financière et le rapport aux institutions juridiques et fiscales qui y sont liées, dans la mesure où c'est là qu'on y définit ce qu'on entend par « richesse », qu'on liste ce qui mérite d'être financé, ce qui n'est pas, on s'en doute, le cas de nos projets, n'en doutons pas, à moins de à l'autonomie de moyens qui nous serait nécessaire. Voilà un autre sujet essentiel dont un groupe à former pourrait se saisir pour proposer une prochaine thématique.
Des convergences politiques se créent, abordent la forme archipélique, peinent encore à sortir de l'idée de coalition, mais se lancent dans la pratique des « pirogues », une posture totalement alternative :
D'un côté il s'agit de taire nos différences dans l'intérêt d'un objectif global, de l'autre de marquer ces différences pour avoir un point de vue plus étendu sur le contexte dans lequel le projet commun peut prendre forme. Ce qui est l'objet principal, je pense, de la préparation d'un nouveau contrat écologique et social qui nous pousse à nous réunir. On y parle beaucoup de « Pôles Citoyens », mais, à l'instar de l'antique démocratie athénienne, encore faut-il définir de quels citoyens il est question.
Dans une récente communication, Michel Briand et Laurent Marsault nous proposaient l'expérimentation d'un modèle sourcé chez Animacoop, la gare centrale [[ Riposte Créative Bretagne : expérimenter une « gare centrale » qui relie et mutualise ], avec quelques exemples fournis par Romain Lalande sur ce qu'il préfère appeler « gare de triage » ou « espace d'aiguillage », la notion de centre étant délicate à expliciter sans ambiguïté. Le modèle semble fractal. Ce qui fonctionne déjà, à l'échelle locale et territoriale, peut donc fonctionner à une échelle plus large, donc à l'Agora. Il convient juste de ne pas y mettre trop de bornes. Voilà une discussion ouverte.
Le but final de notre Agora ne serait-il pas de faire se rencontrer ces pôles si différents, pour qu'ils s'entendent, s'écoutent, et s'orientent enfin ensemble ? Faire en sorte que les porteurs d'initiatives fassent œuvre commune pour permettre à chacun d'accéder à la fabrique des décisions, et déjà à une information, à une connaissance respectueuse de la diversité et de l'intelligence collective dont nous allons constituer le centre de notre démarche commune.
Nous vous proposons donc, pour cette prochaine session de l'Agora, de recevoir Damien Deville , Archipel des Alizées, Charlotte Marchandise, qui nous parle de sa vision « plus belle la politique », et Michel Briand qui nous présentera la profusion des initiatives « Riposte alimentaire Bretagne ». Dans un deuxième temps, nous creuserons un peu plus dans le fond les sujets émergents, notamment ceux susceptibles de déboucher sur des créations de pirogues.
Visio : https://us02web.zoom.us/j/89356256889
ID de réunion : 893 5625 6889
Code secret : 1234
[1] ndr : un archipel des Riposte avec comme point de départ Riposte Créative Territoriale créé par la direction innovation publique du CNFPT
Voir en ligne : http://www.bretagne-creative.net/ar... -
Resistance Brest - 600 fiches biographiques publiées
23 janvier, par a-brest — Actualité, Bretagne-creative, Bretagne-EducativeLe site participatif resistance-brest.net publie aujourd'hui la 600ème notices biographiques de Résistant du pays de Brest. Pour ce cap, Gildas Priol a choisi de réaliser le portrait de Jean Sizorn, F.T.P de Landerneau. Disparu il y a exactement 20 ans, le 23 janvier 2021. Il nous invite à découvrir son histoire (et les autres) sur le site participatif mis en place par la ville de Brest, en coordination avec les Archives municipales de Brest : https://www.resistance-brest.net/article2227.html
-
Travail et numérique pendant le confinement du printemps 2020
23 janvier, par Fabien Collas , Géraldine Guérillot , Sandra Trébaol , Soazig Lalancette , Thierry Pénard — Acteurs et usages, Bretagne-creativeLe numérique nous a-t-il aidé à bien vivre confinés ? C'est la question que se sont posés les chercheurs de Marsouin dans une enquête exceptionnelle intitulée « CAPUNI crise » réalisée pendant le premier confinement. Une enquête qui fait écho à l'enquête « CAPUNI » menée auprès des individus un an auparavant (2019).
Soutenue par la Région Bretagne et l'Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, « CAPUNI crise » a permis d'interroger 2317 Français (métropolitains).Introduction
La crise de la Covid-19 et surtout les mesures déployées pour lutter contre la propagation de l'épidémie ont mis à rude épreuve le monde entrepreneurial et plus globalement l'organisation du travail au printemps 2020. Le confinement a entraîné le développement du travail à distance dans le cas où cela était possible et une cessation d'activité pour les salariés pratiquant des activités nécessitant une présence sur le lieu de travail. Le télétravail s'est développé en parallèle de l'apprivoisement des Technologies d'Information et de Communication (TIC) qui a permis une plus grande flexibilité du travail et amené l'idée de pouvoir travailler à n'importe quel endroit, n'importe quand (Taskin, 2006).
L'objectif de cette note est de révéler la perception des travailleurs confinés pour apporter des éléments de réponse sur la place et les apports du numérique comme appui au maintien de l'activité professionnelle pendant la période de confinement du printemps 2020. Elle fait suite au 4 pages qui concerne l'analyse du télétravail en Bretagne publiés sur le site Marsouin.
Entre cessation d'activités et télétravail, quelle répartition pendant le confinement ?
Parmi les français qui étaient en emploi avant le confinement, 37% ont cessé leur activité pendant le confinement et 35 % ont travaillé à temps complet en présentiel. Enfin, les 28% restant ont fait partie de l'expérimentation à grande échelle du travail à distance, à temps complet pour la très grande majorité (98%). Cette expérience de travail à distance est nouvelle pour 70% d'entre eux, ces individus n'avaient jamais ou très peu (moins d'une fois par mois) travaillé à distance avant. 16% d'entre eux pratiquaient régulièrement (au moins une fois par semaine) le télétravail. En 2017, un rapport de l'INSEE révélait qu'un peu plus de 4 % des personnes en emploi pratiquaient occasionnellement le télétravail (quelques jours ou demi-journées par mois) [1].
Figure 1 : Proportion des travailleurs en emploi avant le confinement répartis selon leur situation de travail pendant le confinement
La situation de travail des français en emploi avant le confinement
Exclus du télétravail, le numérique en cause ?La possibilité de continuer son activité en période de confinement n'est pas possible pour de nombreuses professions.
Parmi ceux qui n'ont pas télétravaillé pendant le confinement, 51% ont cessé leur activité et 49% ont été travailler sur leur lieu de travail. Il ne semble pas que cette impossibilité de télétravailler soit liée au numérique car ces travailleurs sont très peu à ne pas avoir d'ordinateur à la maison (11% pour ceux qui ont cessé leur activité et 7% pour ceux qui travaille en présentiel), ou d'accès à internet, mais les données de l'enquête montrent qu'il y a peu de différence avec les télétravailleurs. Pour ceux qui ont cessé leur activité, était-ce pour raison de santé (personnes à risque dans le foyer), pour garde d'enfant, ou parce que l'entreprise a cessé toute activité ?
Qui sont les télétravailleurs français pendant la période de confinement ?Pendant le confinement, de nombreux travailleurs se sont retrouvés projetés du jour au lendemain en situation de télétravail « non choisi » sans forcément avoir l'équipement et l'espace nécessaire à leur domicile. Par ailleurs, il s'agissait principalement de télétravail à temps plein (98%). Le télétravail en confinement n'est donc pas comparable au télétravail qui se pratique en temps normal dans un cadre légal et négocié entre l'employeur et le salarié pour lequel différents degrés et dénominations existent : le télétravail alternant à domicile (le plus répandu), le télétravail occasionnel à domicile, le télétravail décentralisé et le télétravail mobile ou nomade (Schampheleire et Martinez, 2006).
L'enquête CAPUNI crise révèle que 16% de personnes en emploi pratiquaient le télétravail au moins une fois par mois juste avant le confinement. S'agissant des télétravailleurs réguliers (toute les semaines), ils ne représentaient que 9% des travailleurs français. Quand il est nécessaire de travailler à la maison, l'environnement familial devient l'environnement de travail, il apparaît alors essentiel de l'aborder dans la description des télétravailleurs.
Du télétravail possible pour des travailleurs qualifiés et diplômés avec un niveau de vie confortable
Les professions intermédiaires sont surreprésentées (44 % des télétravailleurs), ainsi que les cadres et professions intellectuelles supérieures (27 % des télétravailleurs) alors que les employés ne constituent que 21% des télétravailleurs. En revanche les ouvriers qui à priori occupent des tâches qui ne se prêtent pas bien au télétravail représente 5% des télétravailleurs. Ces différences entre catégories socioprofessionnelles étaient déjà observées avant le confinement, le télétravail concerne les individus disposant d'une certaine autonomie dans leur travail (Schampheleire et Martinez, 2006).
La figure 2 illustre la répartition des individus en activité avant le confinement selon la manière dont leurs activités ont pu être adaptées pendant le confinement. Il montre une relation entre le niveau d'étude et le fait de télétravailler, plus le niveau d'étude est élevé, plus le télétravail est possible dans les activités des travailleurs. Cependant nous constatons que les Français de tous niveaux de diplôme ont pu avoir recours au télétravail en période de confinement. L'analyse des diplômes des télétravailleurs confirme l'approche par les Catégories Socio-Professionnelle (CSP).Figure 2 : Proportion des travailleurs en emploi avant le confinement en télétravail ou non [2] pendant le confinement répartis selon leur niveau d'étude
Télétravail et environnement familialLes télétravailleurs interrogés sont à 56% des femmes et 44% des hommes, en revanche d'après l'INSEE en 2017 [3], la tendance semble être inversée car 47% des télétravailleurs réguliers étaient des femmes contre 53% d'hommes. 22% de télétravailleurs confinés avaient déjà une expérience régulière de télétravail avant le confinement (au moins une fois par semaine). Pour quasiment les trois-quarts des télétravailleurs confinés, il s'agissait donc d'une première expérience non préparée et brutale (70%). En plus d'un travail « imposé » à la maison, près d'un tiers (35%) des télétravailleurs ont des enfants jeunes scolarisés (en maternelle, primaire ou collège) dont la présence permanente à la maison ne facilite pas les choses.
Ces derniers résultats renforcent l'idée que le télétravail confiné n'a pas été une expérience de télétravail normal pour de nombreux salariés qui ont dû jongler entre l'école à la maison et le partage des équipements ainsi que des connexions.Le numérique révèle les écarts entre ceux qui ont pu continuer de travailler sur site, ceux qui ont dû cesser leurs activités et ceux qui ont pu continuer à télétravailler depuis leur domicile.
Le numérique a creusé les écarts entre ceux qui peuvent travailler grâce au numérique et ceux qui ne le peuvent pas. Nous avons vu que selon la CSP et le niveau de diplôme : pendant le confinement, le recours au numérique était plus ou moins facile. Il est aussi question d'équipement, d'accès à internet mais aussi d'activité qui ne se prête pas toujours au distanciel. Il faut toutefois relativiser l'impact du numérique sur ces résultats car certains Français ont dû cesser leur activité pour d'autres raisons telles que la garde d'enfant, pour raison de santé, ou pour fermeture de leur entreprise. Nous n'avons pas ces données. Bien que certains Français aient peut-être préféré pouvoir sortir de chez eux pendant le confinement, ceux qui ont perdu leur travail, cessé leur activité parce que le numérique ne leur permettait pas d'exercer leur activité professionnelle à distance ont été contraints de courir des risques sanitaires ou économiques plus important (cessation d'activité, chômage, chômage partiel). En revanche ce confinement a été pour beaucoup l'occasion de faire l'expérience du télétravail.
Quels outils de télétravail ?
Il est question ici de regarder de plus près l'accès au débit des télétravailleurs et les outils qu'ils ont utilisés, plus globalement l'accès et les outils numériques mobilisés pour travailler de chez soi.
Équipements, connexion et débit
Parmi tous les télétravailleurs en confinement seulement 3% des individus n'avaient pas d'ordinateur dans le foyer et 25% des télétravailleurs partagent leur ordinateur (dont 2% pour lesquels ça pose problème). Les télétravailleurs confinés déclarent pour 88% d'entre eux avoir un accès à haut débit (type ADSL) ou très haut débit (fibre optique) et 8% se sont servis de la 4G pour se connecter.
Figure 3 : Connexion des télétravailleurs en confinement
Une augmentation ressentie de la mobilisation des outils numériques pour travailler à distance avec ses collaborateurs ?
L'enquête a questionné les télétravailleurs sur leur utilisation des outils numériques pendant le confinement. La visioconférence a été très largement utilisée durant le confinement avec pour rôle de maintenir le lien social et de faciliter le travail en équipe (Boboc A., 2020). 62% des télétravailleurs ont participé à des visioconférences durant le confinement. Pour 13% d'entre eux cet usage était ponctuel au rythme d'une fois par semaine et 16% ont déclaré faire de la visioconférence tous les jours comme l'illustre le graphique ci-dessous. Nous avons cherché à savoir si l'usage intensif des visioconférences augmentait la volonté de déconnexion ou amplifiait les difficultés liées à la séparation entre la vie privée et professionnelle des individus mais les résultats montrent qu'ils n'ont pas plus besoin de se déconnecter que cela et ne rencontrent pas plus de difficultés à séparer leur vie professionnelle et leur vie privée que les autres.
Figure 4 : Les usages numériques des télétravailleurs confinés “Pendant le confinement, à quelle fréquence utilisez-vous les outils de visioconférence / outils collaboratifs ?”
Les outils de travail collaboratifs tels que Google Drive, les agendas partagés ou encore les espaces de sauvegarde partagés ont aussi été très utilisés pendant le confinement en complément de la visioconférence et des réseaux internes d'entreprise. 48% des télétravailleurs déclaraient se servir des outils collaboratifs au moins une fois par semaine. Toutefois, cet usage est assez clivant puisque 47% des télétravailleurs n'ont pas eu recours à ce type d'outil. Enfin, le courriel reste l'outil incontournable pour le télétravail. 83% des télétravailleurs confinés s'en servaient plusieurs fois par jour et 55% se déclaraient connectés en permanence à leur messagerie. Le courriel remplit un rôle de « couteau suisse » (Guesmi S., Raillet A., 2012). Son usage a fortement augmenté durant le confinement et particulièrement dans les deux premières semaines (Boboc A., 2020).
Par ailleurs la fréquence d'utilisation de ces outils a clairement augmenté d'après les télétravailleurs qui y ont eu recours. Ils sont 71% à ressentir cette augmentation pour l'utilisation des visioconférence, 65% pour les messageries instantanées et 49% pour les outils collaboratifs. Les télétravailleurs ont eu la sensation que la fréquence d'utilisation de ces outils numériques s'était intensifiée par rapport à leur fréquence habituelle.
Pour illustrer d'avantage l'intensification de l'utilisation des supports numérique dans le cadre du travail pendant le confinement, nous avons choisi de créer des profils de connexion des télétravailleurs en fonction de la fréquence d'utilisation des outils numériques de support au télétravail :
L'utilisation de la visio-conférence
L'utilisation des messageries instantanées
L'utilisation des outils collaboratifs
Ceci nous permet d'établir un classement des individus en fonction de l'intensité d'utilisation des différents supports numériques.Encadré 1 : Création d'un profil des usages des outils numériques des télétravailleurs selon la fréquence d'utilisation
Pour calculer le profil d'usage numérique des télétravailleurs, nous avons codé chaque fréquence comme suit :
Le profil de l'individu varie alors de 0 à 9, s'il n'utilise jamais l'un des supports numériques proposés (visioconférence, messagerie instantanée et outils collaboratifs) alors le score est de 0 et si l'individu utilise tous ces outils tous les jours alors son score est de 9. Ainsi, le profil pour une utilisation moyenne de chaque outil est de 4,5.
Figure 5 : Représentation des télétravailleurs confinés selon les scores liés à la fréquence d'utilisation de l'ensemble des outils numériques (visioconférence, messagerie instantanée et outils collaboratifs)
Ce graphique représente l'ensemble des télétravailleurs répartis par score lié à la fréquence des usages des outils numériques. Nous pouvons voir que près de 23% des télétravailleurs n'utilisent aucun outils numérique (mail, visioconférence, outils collaboratifs tels que drive, etc.,) [4].
Cette illustration montre que la plupart des télétravailleurs n'utilisent pas tous les outils aussi souvent que l'on pouvait le penser. En dépit d'une forte augmentation de l'utilisation des outils numériques pendant le confinement, ce graphique montre que 50% de la population se situe en dessous de la moyenne de la moyenne générale (4,5). Ainsi la moitié de la population des télétravailleurs enquêtés utilise tous les outils un peu ou l'un des trois outils de manière intense et régulière. L'autre moitié de la population quant à elle, utilise de manière plus intensive les différents outils numériques pour travailler avec ses collaborateurs. Par ailleurs, un quart des télétravailleurs ont un score de 0 ou 1, cette partie des télétravailleurs n'utilisent jamais aucun des outils ou un seul ponctuellement. À l'inverse, un autre quart des télétravailleurs a un score supérieur à 7 ce qui signifie qu'ils utilisent tous les outils plusieurs fois par semaine.
Par conséquent, cette enquête montre d'une part qu'il y a eu une augmentation importante de l'utilisation de certains outils numériques tels que la visioconférence, la messagerie instantanée ainsi que le recours aux espaces numériques de travail partagés mais toute raison gardée cette augmentation n'a pas été aussi importante pour tous les télétravailleurs enquêtés pendant le confinement. Néanmoins, cela pose la question des conséquences d'une augmentation des outils numériques énergivores sur la pollution numérique. Une question qu'il pourrait être intéressant d'étayer.
Des télétravailleurs confinés satisfaits ?
• Compétences numériques augmentées
Parmi les télétravailleurs confinés qui faisaient déjà du télétravail, 17% déclarent avoir progressé dans leurs usages du numérique. C'est encore plus prononcé pour ceux qui se sont retrouvés projetés en télétravail (ceux qui n'en faisaient quasiment pas ou 1 fois par mois) : 36% déclarent avoir progressé. Cette mise en télétravail « forcé » a peut-être pu permettre de réduire les écarts en termes de compétence numérique entre les habitués du télétravail et ceux qui n'en pratiquaient pas.
• Perception et efficacité au travail
Le graphique ci-dessous illustre le ressenti des travailleurs sur leur efficacité en télétravail au regard de leur situation de travail habituelle. 38% des télétravailleurs se sont sentis moins efficaces en télétravail par rapport à leur situation de travail avant le confinement. Est-ce lié au télétravail exigé à 100% ou au confinement ? 29% se sont déclarés plus efficaces pendant la période de confinement. Ce résultat peut s'expliquer par les multiples difficultés d'ordre technique, organisationnel et économique rencontrées par l'entreprise (ou du moins par l'équipe dans laquelle est rattaché le salarié), mais aussi par l'environnement du télétravailleur (problème de qualité de la connexion et d'équipements, pas de pièce dédiée pour télétravailler, enfants à la maison, …).
Figure 6 : Les perceptions des télétravailleurs sur leur efficacité en télétravail. “Depuis le confinement, avez-vous l'impression d'être plus/aussi/moins efficace qu'avant ?”
Il faut toutefois tempérer ce résultat, car 33% des salariés se sont sentis autant efficaces en télétravail confiné qu'habituellement. Ainsi une grande majorité (62%) de télétravailleur confiné s'est sentie au moins aussi efficace qu'avant si ce n'est plus. Les perceptions d'efficacité au travail peuvent être différentes selon que le salarié est dans son entreprise ou à son domicile et il n'est pas toujours facile pour un salarié de bien apprécier son efficacité en télétravail (Aguilera et alii., 2016). En plus des risques de burn-out, le télétravailleur confiné peut aussi être sujet à un risque de bore-out, c'est-à-dire de démission, de baisse ou de disparition de la motivation (Durieux 2020).
• Séparation vie privée vie professionnelle
La séparation entre vie professionnelle et vie privée n'est pas toujours facile dans un contexte de télétravail, qui plus est, confiné (et pour beaucoup non choisi), et peut avoir une incidence sur le bien-être des télétravailleurs. 44% des télétravailleurs confinés ont déclaré ne pas avoir réussi à bien séparer la sphère privée/familiale et la sphère professionnelle. Donc une majorité (56%) déclare l'avoir réussi (plutôt ou tout à fait).
Figure 7 : Les perceptions des télétravailleurs sur la séparation vie pro/vie perso
• Niveau de vie et angoisse liée à la Covid-19 des travailleurs pendant le confinement
En ce qui concerne la perception de la vie, 10% des travailleurs en présentiel trouve la vie difficile. Pour ceux qui ont cessé leur activité pendant le confinement ils sont 13% contre 3% des personnes en télétravail a trouvé la vie difficile. L'enquête montre que les individus ayant continué de travailler en télétravail pendant le confinement estiment pour 69% d'entre eux avoir un niveau de vie confortable voire très confortable contre en moyenne 43% des individus de l'échantillon total.
44% des travailleurs, quelle que soit leur situation de travail, ont peur de tomber malade à cause de la Covid-19 (42% pour les travailleurs qui ont continué de se rendre sur le lieu de travail). D'après l'enquête, il ne semble donc pas que le fait de continuer ou non à aller sur son lieu de travail ait influer sur la peur de tomber malade.
Le télétravail, quel avenir ?
40% des télétravailleurs confinés souhaitent continuer à faire du télétravail sur une base régulière (plusieurs fois par mois). Ce chiffre est bien supérieur au pourcentage de travailleur pratiquant le télétravail régulièrement avant mars 2020. Le confinement a donc permis d'initier et de convertir de nombreux salariés à cette forme de travail.
Toutefois, 44% des télétravailleurs confinés déclarent ne pas vouloir continuer à faire du télétravail. Sur les personnes qui veulent continuer le télétravail (56%), 11% veulent diminuer la fréquence d'avant confinement, 62% veulent maintenir le même rythme de télétravail qu'avant le confinement tandis que 27% souhaitent augmenter la fréquence. Parmi ceux qui n'en avait jamais fait avant, 30% veulent en refaire régulièrement, 64% ne veulent pas en refaire après le confinement.Les femmes rejettent plus souvent le télétravail que les hommes ?
Ce rejet du télétravail est plus prononcé chez les femmes : 57% d'entre elles ne souhaitant pas prolonger l'expérience. En comparaison les hommes ne sont que 30% dans cette situation.
La volonté de continuer en télétravail ou non est différente selon le sexe des personnes interrogées. Néanmoins le fort rejet exprimé par les femmes relève probablement d'un fait sociétal plus global. Beaucoup associent cette tendance au rejet du télétravail par les femmes, à la persistance des supposés rôles sociaux genrés. Les femmes ayant encore majoritairement à leur charge les tâches ménagères et/ou l'éducation des enfants dans les couples hétérosexuels. L'expérience de télétravail confiné a pu être une épreuve difficile pour certaines femmes [5]. Ces réflexions sont liées aux questions de genre et non au sexe des individus, il convient de souligner que la variable utilisée dans cette enquête est celle du sexe. De nombreux travaux existent sur les stéréotypes liés aux genres (Guionnet, Neveu, 2004).
Toutes choses égales par ailleurs, les régressions ont montré que la variable du sexe restait significative dans le souhait de vouloir continuer à faire du télétravail à l'avenir.Figure 8 : Les souhaits des télétravailleurs confinés pour l'après confinement. “Après la sortie du confinement, à la rentrée prochaine de septembre, demanderez-vous à faire du télétravail ?”
Les réponses sont aussi très différentes selon les catégories socio-professionnelles. 55% des cadres et professions intellectuelles supérieures souhaitent continuer à faire du télétravail régulier (plusieurs fois par mois), contre 35% chez les non cadres.
Là encore, les résultats de la régression présentée ci-après confirment cette tendance toutes choses égales par ailleurs.Figure 9 : Les souhaits de fréquence des télétravailleurs confinés qui souhaitent faire du télétravail pour l'après confinement “Après la sortie du confinement, à la rentrée prochaine de septembre, demanderez-vous à faire du télétravail ?
Pistes de compréhension influençant le choix de continuer en télétravail ou non
Comment expliquer le fait de demander à poursuivre en télétravail ? Pour comprendre les facteurs influençant le fait de vouloir ou non continuer en télétravail, un travail de régression a été réalisé. La variable expliquée est « je souhaite continuer à télétravailler plusieurs fois par mois ou toutes les semaines ». Les résultats montrent que le fait d'être un homme, cadre, ayant déjà eu une expérience de télétravail dans des conditions confortables sont les éléments pouvant expliquer la volonté de poursuivre en télétravail. En revanche, contrairement à ce que nous a révélé l'échantillon breton, avoir ou non des enfants n'influence pas cette volonté exprimée par les individus interrogés. Ces résultats sont à mettre en perspectives avec le contexte du premier confinement au moment de la passation du questionnaire, car ce sont bien là des perceptions qui ont fait l'objet de l'étude, ces perceptions pourraient aujourd'hui être rediscutées.
Néanmoins, retenons que le ressenti sur l'efficacité du travail accompli en télétravail ainsi que sur la qualité de vie plus ou moins confortable des individus influencent de manière certaine les volontés futures concernant la demande de télétravail. L'expérience du télétravail forcé met en exergue et accentue certaines inégalités liées au numérique. L'enquête souligne qu'une majorité des individus « projetés » en télétravail étaient bien équipés mais il reste une part d'individus ne disposant que d'un réseau 4G, peu sécurisé pour les échanges de données (8%).
Le numérique a permis à certains travailleurs de continuer leur activité mais il a aussi pu être source de sur-connexion, 65% des télétravailleurs estiment être plus connectés depuis le confinement. Ceci n'est peut-être pas seulement dû au fait de travailler de chez soi mais plus globalement au fait de rester chez soi. Ainsi 44% des télétravailleurs se connectent à leur boite mail moins d'une demie heure après le réveil.
Bibliographie
Aguilera, A., Lethiais, V., Rallet, A., Proulhac, L. (2016). Le télétravail, un objet sans désir ?. Revue d'Économie Régionale & Urbaine, février(1), 245-266.
Barhoumi M., Jonchery A., Le Minez S., Lombardo P, Mainaud T., Pailhé A., Pollak C., Raynaud E., Solaz A., (2020), “Les inégalités sociales à l'épreuve de la crise sanitaire : un bilan du premier confinement”, Insee Références, Vue d'ensemble, édition 2020. https://www.insee.fr/fr/statistiques/4797670?sommaire=4928952
Boboc, A. (2020) La frontière entre vie privée et vie professionnelle à l'épreuve du confinement : télétravail et déconnexion", La Revue des Conditions de Travail, n°10, juillet.
Durieux, E. (2020) Télétravail et confinement, vers une coexistence vivable. Rapport Technique Ministère de l'intérieur. hal-02560409
Guesmi, S., Rallet, A. (2012), « Web 2.0 et outils de coordination décentralisée. Un entrelacement des sphères privées et professionnelles », Revue française de gestion, vol. 5, n° 224, p. 139-151
Guionnet C., Neveu E., 2004, Féminin/Masculin. Sociologie du genre, Paris, Armand Colin (Collection U), 288 p.
Schampheleire JD, Martinez E (2006). Régulation du télétravail et dialogue social. Le cas de la Belgique. Revue Interventions économiques Papers in Political Economy 34.
Taskin L., « Télétravail : Les enjeux de la déspatialisation pour le management humain », Revue Interventions économiques, Revue Interventions économiques [En ligne],Vol n° 34 | 2006. http://journals.openedition.org/interventionseconomiques/680
Encadré sur l'enquête CAPUNI Crise
L'enquête CAPUNI Crise a été réalisée pour le compte du Groupement d'Intérêt Scientifique Marsouin. Soutenue par la Région Bretagne et l'Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, « CAPUNI crise » a permis d'interroger par téléphone un échantillon représentatif de la population nationale (2 317 individus). La représentativité est assurée par la méthode des quotas sur les critères d'âge, de sexe, de catégorie socioprofessionnelle, de taille d'unité urbaine de résidence et de département.
L'enquête a porté sur les équipements et usages numériques avant et pendant le confinement, ainsi que sur l'école à la maison et le télétravail.
Pour plus d'informations, https://www.marsouin.org/article1214.html.
Le Groupement d'Intérêt Scientifique Marsouin a été créé en 2002 à l'initiative du Conseil Régional de Bretagne. Il rassemble les équipes de recherche en sciences humaines et sociales des quatre universités bretonnes et de trois grandes écoles, soit 18 laboratoires, qui travaillent sur les usages et transformations numériques.Crédit photo : gis_marsouin
[2] “Pas de télétravail” regroupe ceux qui ont travaillé sur leur lieu de travail et ceux qui ont cessé leur activité pendant le confinement
[4] Les quartiles divisent les télétravailleurs confinés en 4. Chaque quartile représente 25% des télétravailleurs. Ainsi 25 % des TT se situent à un score de 0 à 1. Le quart suivant se situe à un score de 1 à 4, puis de 4 à 7, et le dernier quartile de 7 à 9.
[5] INSEE : Les inégalités sociales à l'épreuve de la crise sanitaire : un bilan du premier confinement. Meriam Barhoumi (Depp), Anne Jonchery, Philippe Lombardo (Deps), Sylvie Le Minez, Thierry Mainaud, Émilie Raynaud (Insee), Ariane Pailhé, Anne Solaz (Ined), Catherine Pollak (Drees) : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4797670?sommaire=4928952
Voir en ligne : https://www.marsouin.org/article124... -
A Rennes, les stagiaires Tremplin Numérique expérimentent des techniques d’animation !
22 janvier, par Les petits débrouillards — Les Petits Débrouillards Bretagne, Bretagne-creativeLa rentrée 2021 a permis aux stagiaires du parcours Tremplin Numérique de reprendre leurs découvertes du monde du numérique. Accompagné.e.s par l'équipe de formateur.trice, les participant.e.s ont pu expérimenter de nouvelles techniques et outils.
Au programme :
- Découverte du Stop Motion.
Le stop motion est une animation “image par image” ). Cette méthode consiste à prendre plusieurs photos et à les assembler ensemble pour restituer un mouvement. Après avoir visionné l'épisode de Bits consacré à cette technique (Stop Motion : La technique d'animation impérissable), les stagiaires ont eu une journée pour réaliser un clip de 30 secondes. Imagination, patience et inventivité ont été de rigueur pour réussir à finaliser ces premières vidéos ! Découvrez ici une des vidéos réalisée !
- Premier pas dans le codage avec Scratch.
Scratch est un logiciel permettant de créer des animations. Après une première prise en main du logiciel, les participant.e.s se ont eu pour mission de réaliser, par groupe, un jeu vidéo. En 3 jours, ils.elles ont du produire un petit jeu fonctionnel. Pour cela, ils.elles ont pu s'inspirer de jeux et de codes déjà existants sur Scratch, les remixer et se les approprier. Le défi a été relevé avec succès ! Il est même possible d'expérimenter un de jeux réalisé ! Jumping Knight https://scratch.mit.edu/projects/470942572
La phase 2 du parcours débutera début février et de nouveaux.elles stagiaires, qui ont déjà quelques connaissances dans le domaine du numérique, rejoindront le groupe en place.
Retrouvez plus d'informations sur le parcours ici.
L'article A Rennes, les stagiaires Tremplin Numérique expérimentent des techniques d'animation ! est apparu en premier sur Les petits débrouillards.
Voir en ligne : https://www.lespetitsdebrouillardsg...